Bretagne

Bretagne, l’effervescence culturelle

Péninsule à la pointe de l’Europe, la Bretagne, se trouve bordée au nord de la Manche et au sud de l’Océan Atlantique. Il s’agit d’une des six Nations celtes. C’est la seule à se trouver sur le continent. C’est à partir du IVe siècle, que les Bretons insulaires commencent à s’y installer.

Le drapeau breton, Gwenn ha du, ce qui signifie littéralement « Blanc et noir » a été créé par Morvan Marchal, architecte autonomiste en 1923. Il reprend les mouchetures d’hermine, symbole des souverains bretons et les couleurs traditionnelles depuis le XIIIe siècle. Le nombre de bandes symbolise les 9 provinces historiques composant la Bretagne.

Au IXe siècle la Bretagne commence à s’émanciper de ses voisins carolingiens. Nominoë, duc des Bretons et Erispoë, son fils au titre de roi, étendent le territoire et lui font prendre la forme qu’elle conserve jusqu’à nos jours. Écartelés entre la France et l’Angleterre, les Monfort (XIVe/XVe siècles) réussissent à maintenir le pays indépendant. C’est à cette époque que la Bretagne vit sa période la plus faste, devenant une puissance maritime incontestée. Royaume puis duché, la Bretagne est forcée de s’unir à la France par l’union de ses souverains en 1532. Devenue province, la Bretagne conserve de nombreux privilèges (législation spécifique, prélèvement des impôts).

À la Révolution française, elle perd ses droits et est réduite à 5 départements sans identité. Il faudra attendre le XIXe siècle pour que le mouvement culturel breton commence à se battre pour sa culture, sa langue et pour l’autodétermination.

Ce n’est que dans les années 1970 que l’enseignement du breton, jusqu’alors méprisé par les autorités, débute. À cette même période l’activisme armé porté par le Front de Libération de la Bretagne (1963) s’intensifie. Ayant acquis quelques droits, les Bretons se battent toujours pour la réunification du territoire arbitrairement divisé et plus encore pour les langues bretonne et gallaise qui aujourd’hui encore sont en danger d’extinction. Sans statut d’autonomie, la Bretagne n’a pas les moyens de gérer aujourd’hui les enjeux qui la concernent, en termes économique, culturel et linguistique.

Carte d’identité

Noms Breizh | breton
Bertaèyn | langue d’oïl
Bretagne | français
Population 4 713 813 hab. (2017)
Superficie 34 034 km²
Langues Brezhoneg | breton (sans statut officiel)
Galo | langue d’oïl (sans statut officiel)
Français (officielle)
Nombre de locuteurs 225 000 | breton (2018)
État de tutelle France
Statut officiel Région sans statut d’autonomie en France
Capitales Naoned | breton
Nantes | français
&
Roazhon | breton
Rennes | français
Religion historique Chrétiens catholiques
Drapeau Gwenn ha du | breton
(Blanc et noir)
Hymne Bro Gozh ma zadoù | breton
(Vieux pays de mes pères)
Devise Potius mori quam foedari | latin
Kentoc’h mervel eget bezañ saotret | breton
(Plutôt la mort que la souillure)

Chronologie

  • IV-VIIIe • Émigration des Bretons en provenance de l’île de Bretagne. Ils se mêlent aux populations celtes déjà présentes, tout en exerçant le pouvoir politique.
  • IXe • Les royaumes bretons s’unissent sous l’autorité de ses souverains, dont Nominoé.
  • XIV-XVe • La Guerre de succession voit le renforcement de la dynastie des Montfort et de l’émancipation de la Bretagne.
  • 1488 • Les défaites militaires du duché l’obligent à s’unir à son voisin, le royaume de France.
  • XV-XVIIe • Le commerce de la toile symbolise l’âge d’or de la Bretagne autonome.
  • 1789 • Le Bretagne perd l’ensemble des ses droits issus de l’acte d’union et débute une période sombre, sans prise sur son destin. Elle n’existe plus légalement.
  • 1941 • Une « région » Bretagne est créée par le gouvernement de Vichy dirigé par le maréchal Pétain, l’amputant de la Loire-Atlantique.
  • Années 1970 • Émancipation grâce au mouvement culturel. Le Conseil régional reconnaît officiellement le breton et le gallo comme langues de la Bretagne.

Zoom historique

Comme ailleurs en Europe, c’est au milieu du XIXe siècle que le mouvement breton (Emsav) a pris conscience des richesses culturelles que recèle la Bretagne. Sa figure phare en est le marquis T.-H. de la Villemarqué qui collecta les chants populaires qu’il édita sous le titre de Barzaz Breiz(h). Dans les années 1920, un mouvement artistique, qui regroupera plus de cinquante artistes dans tous les domaines (littérature, musique, arts plastiques, architecture..) voit le jour. On les nommera les Seiz(h) Breur (Sept Frères). Leur objectif est d’allier la tradition et la modernité dans l’art et de redonner à la Bretagne ses lettres de noblesse, dans un esprit plus militant que leurs prédécesseurs. Redonnant goût aux Bretons pour leur culture et leurs langues, ce mouvement a créé un art moderne breton, de type art-nouveau, qui aujourd’hui encore se ressent dans la création contemporaine.

Géographie

La Bretagne compte neuf provinces historiques, entités administratives originelles gardant un rôle culturel majeur, appelées en breton bro (représentés sur la carte). La Bretagne est aujourd’hui composée de cinq départements, dont la Loire-Atlantique, qui administrativement lui fut détachée sous le régime collaborationniste de Pétain. De nombreuses îles l’entourent (Batz, Ouessant, Sein, Groix, Belle-Île, etc.). À sa frontière orientale se trouvent la Normandie, le Maine, l’Anjou et le Poitou. Le réseau urbain est constitué de nombreuses villes, essentiellement situées sur le littoral. À l’est, Rennes, capitale administrative et Nantes, siège des souverains, sont les plus emblématiques et sont considérées comme les deux capitales historiques. À l’ouest, Brest, ville portuaire, a largement participé à la réputation de la Bretagne comme grande nation maritime. Par sa situation excentrée à la pointe de l’Europe, la Bretagne a pâti d’un handicap économique fort, subsistant grâce à l’agriculture et la pêche. L’avènement de ce qu’on appelle aujourd’hui le « modèle breton », basé sur le consensus des acteurs économiques et politiques, notamment dans les années 1960 avec le CELIB, lui a permis de se développer.

Langues

Brezhoneg


La langue bretonne est une langue celtique de la branche brittonique. Parlé depuis le Ve siècle, le breton demeure la langue spécifique à la Bretagne. Il est pratiqué par plus de 225 000 personnes, essentiellement à l’ouest de la Bretagne. Il est également parlé dans les grandes villes de l’est de la Bretagne (Rennes, Nantes). On compte pour schématiser quatre variantes linguistiques, entre lesquelles l’intercompréhension est largement possible, quoique plus difficilement avec les personnes du domaine vannetais. Les autres variantes sont communément appelées cornouaillais, léonard et trégorois. Le breton ne bénéficie pas d’un statut officiel, la France refusant toute reconnaissance de ses minorités linguistiques. La situation évolue toutefois doucement. La région Bretagne a pour sa part reconnu officiellement le breton et le gallo (langue d’oïl pratiquée à l’est de la Bretagne), mais cette reconnaissance n’a qu’une valeur symbolique. On recense aujourd’hui plus de 16 500 élèves (2002) apprenant en breton, ce qui est faible par rapport au nombre total d’enfants scolarisés. Le breton, quoiqu’actif dans le domaine les technologies de l’information, demeure une langue fragile. Il est en effet classé par l’UNESCO comme une langue en danger.

Zoom politique

La Bretagne administrative dispose d’un Conseil régional, n’ayant pas le pouvoir de légiférer. Malgré la force dynamique du mouvement breton, c’est surtout sur le terrain culturel que les militants interviennent. Les partis politiques bretons renforcent toutefois leurs positions. L’Union démocratique bretonne, autonomiste, dispose en effet de quatre conseillers régionaux (alliés entre 2004 et 2009 à la majorité PS/Verts). Le Parti breton, malgré son jeune âge, présente des candidats aux différentes élections et dispose aussi d’élus locaux. Il existe aussi quelques groupes se revendiquant du fédéralisme ou de l’anarchisme. L’extrême gauche est représentée par un parti indépendantiste du nom de Breizhistance. Les thèmes défendus par les partis bretons sont essentiellement la reconnaissance du peuple breton, l’officialisation de la langue bretonne et la réunification du territoire breton dans sa configuration historique (le département de Loire-Atlantique est en effet détaché de la région administrative Bretagne malgré des sondages indiquant que 70 % de la population souhaite la réunification). Un sondage CSA révélait aussi en 2000 que 23 % des Bretons seraient fortement ou assez favorables à l’indépendance.

Partis bretons autonomistes et indépendantistes les plus représentatifs