Wallonie

Wallonie, la survie d’un peuple d’oïl

La Wallonie est située aux marges des mondes roman et germain. Linguistiquement, les Wallons, au même titre que les Picards ou les Normands font partie du peuple d’oïl. Politiquement pourtant ils sont marqués par une histoire faite de conflits entre micro-territoires et d’unions dans des ensembles plus vastes.

Le drapeau wallon est « d’or au coq hardi de gueules ». Il a été dessiné par Paulus en 1913. Les couleurs sont celles de la Principauté de Liège, qui fut un état indépendant du Xe à la fin du XVIIIe et dont le diocèse éponyme coïncidait avec l’aire linguistique du wallon.

Peuplée initialement de la tribu celte des Belgii, la Wallonie est conquise par César et sera fortement romanisée. Après l’effondrement de l’empire romain, la Wallonie verra l’émergence du royaume des Francs, puis de la dynastie carolingienne, d’origine liégeoise, confondant son histoire avec celle du nord de la France. Suite au Traité de Verdun, elle revient à Lothaire puis intègre le Saint Empire romain germanique. Après une période féodale de morcellement en micro-territoires indépendants souvent en conflit, sont créés des comtés et duchés plus vastes (Namur, Brabant, Luxembourg, Hainaut) contrôlés par la puissance bourguignonne, l’Espagne puis l’Autriche.

Lors de la révolution française, la Principauté de Liège suit ce mouvement. La France en profite pour annexer la région et la découpe en départements, base actuelle des provinces. Intégrée aux Pays-Bas en 1815, la Wallonie se rebelle en 1830, prémices de la création de la Belgique, née d’un mariage arrangé et obligeant à la coexistence deux peuples très différents : Wallons et Flamands.

La révolution industrielle profite à une Wallonie riche en ressources naturelles, jusqu’au déclin dans les années 1960. La Belgique s’oriente alors vers le fédéralisme. Les Wallons voulaient une autonomie économique leur permettant de ne plus dépendre de la majorité flamande. Le mouvement s’est accéléré dans les années 1990 jusqu’à aboutir au fédéralisme actuel.

Carte d’identité

NomWaloneye | wallon
Wallonie | français
Wallonien | allemand
Wallonië | flamand/néerlandais
Population 3 633 795 hab. (2019)
Superficie 16 845 km²
LanguesWalon | wallon (reconnu)
Français
Deutsch | allemand (officielles)
Vlaams/Nederlands | flamand/néerlandais
Nombre de locuteurs 600 000 | wallon (dont 300 000 locuteurs actifs) (2017)
État de tutelle Belgique, France
Statut officiel Région fédérale en Belgique, Aucun statut en France
CapitaleNameûr | wallon
(Namur)
Religion historique Chrétiens catholiques
DrapeauLi cok walon | wallon
(Le coq wallon)
HymneLi tchant des Walons | wallon
(Le Chant des Wallons)
DeviseWalon todi | wallon
(Wallon toujours)

Chronologie

  • – 57 • Les Romains envahissent la Gaule Belge.
  • Ve • Les Francs s’installent dans le pays qui deviendra le noyau de leur futur royaume.
  • 843 • Traité de Verdun, la Wallonie est incluse dans la Lotharingie.
  • XVe • Domination bourguignone sur le pays sauf pour la Principauté de Liège. Annexion espagnole puis autrichienne.
  • 1795 • Suite à la révolution française, la Wallonie est annexée à la République (création des départements de Jemappes, de la Dyle, de Sambre-et-Meuse, des Forêts et de l’Ourthe).
  • 1815 • Défaite de Waterloo, les Wallons combattent avec les troupes napoléoniennes. La Wallonie est annexée au Royaume des Pays-Bas.
  • 1830 • Formation de la Belgique, composée de la Wallonie et de la Flandre.
  • Fin du XXe • La Wallonie devient une région dans le cadre du fédéralisme belge. Elle dispose d’une large autonomie et se dote d’un parlement et d’un gouvernement.

Zoom historique

Si les Wallons sont un peuple depuis longtemps, ce n’est que depuis 1950 que cette notion culturelle prendra sa pleine dimension politique. Cette année-là, la « question royale » divise la Belgique. Au cours d’un référendum, on demande aux Belges s’ils veulent le retour du roi Léopold III dont le comportement durant la guerre était contesté. Les Wallons votent « non » mais les Flamands votent « oui », et grâce à leur poids démographique ces derniers permettent le retour du roi. Ce retour sera accompagné de graves émeutes en Wallonie, qui feront trois morts à Grâce-Berleur où la gendarmerie avait tiré sur la foule. Un « gouvernement wallon » se réunit à Liège et envisagea de déclarer l’indépendance. Léopold III finira par abdiquer mais la fracture entre Wallons et Flamands ne se refermera plus. Par la suite, les tensions ne feront qu’augmenter et elles mèneront provisoirement au fédéralisme.

Géographie

La Wallonie est enclavée, sans accès à la mer, entre la Flandre et les Pays-Bas au nord, l’Allemagne et le Luxembourg à l’est et la France au sud et à l’ouest. Elle est composée de deux grands ensembles géographiques séparés par le sillon Sambre-et-Meuse, les deux principaux cours d’eau de la région : au nord-ouest les plateaux du Hainaut, de Brabant et la Hesbaye, au sud-est les hauts plateaux de Condroz, de la Famenne, l’Ardenne et la Gaume. La « dorsale wallonne », région traditionnellement peuplée et développée économiquement, traverse le pays de Tournai, en passant par Mons, Charleroi, Namur, Huy, Liège jusqu’à Verviers. À l’est de la Wallonie, se trouvent les Hautes-Fagnes, peuplées de germanophones.